LOL n°49 – Açores, Belles Açores,
Bonjour à tous,
Les Açores, c’est comme la saveur d’un bon vin, que vous dégustez lors d’un déjeuner de famille, devant une belle table, avec nappe blanche, verres à pieds, couverts en argent. Vous êtes heureux, vous êtes bien. Heureux de retrouver vos proches, heureux d’être dans un cadre apaisant. Depuis la cuisine, les plats à venir exhalent leurs odeurs alléchantes et viennent chatouiller vos narines, excitant vos papilles, et stimulant votre salive… Le maitre de maison se saisit de la bouteille, l’examine d’un air approbateur et la débouche en humant le parfum du bouchon. Le précieux liquide se déverse dans le verre cristallin dans un délicieux bruit de glouglou…. Vous le portez à votre bouche, vous le goutez à petites gorgées, comme un nectar magique et précieux. C’est divin. Et ce n’est que le début !



C’est l’effet que nous font les Acores depuis que nous y avons mis pieds à terre depuis deux semaines maintenant. L’accueil a été fantastique, même si nous avons dû rester deux jours en quarantaine au mouillage, en attendant les résultats du désagréable test Covid. Cela faisait presque trois mois que nous n’avions pas mis les pieds dans un endroit habité, et cela a été un choc ! Porter le masque, ne pas s’approcher à plus de deux mètres des autres personnes, pour nous c’est la découverte d’un nouveau style de vie, et cela nous a un peu mis le bourdon les premiers jours ! Les habitants ici sont très stricts dans l’application des mesures, pas question donc d’y déroger. Nous avons donc été priés (gentiment mais fermement) à plusieurs reprises de faire demi-tour parce que nous avions oublié nos masques… D’ailleurs, nous avons fini par investir dans des jolis masques en tissus « durables » à défaut de les faire nous-mêmes nous faisons tourner l’économie locale.

Fiesta et jambes de bois
Ceci dit, nous sommes super contents d’être ici. Depuis notre arrivée, nous avons retrouvé plusieurs copains de voyage, et l’ambiance est donc très festive ! Nous avons aussi fait connaissance avec de nouveaux bateaux. On enchaine les apéros chaleureux, les soirées festives, et notamment les gin tonic au Café Sport « Chez Peter », l’adresse mythique de Horta pour les voyageurs comme nous, dont le personnel s’est mis en quatre pour accueillir les voiliers depuis le début du confinement. C’est bien agréable. Nous n’avons pas oublié LOLITA qui a eu droit à un petit bichonnage en règle. Dans tout cela il a fallu aussi réapprendre à marcher, enfin je veux dire marcher d’un pas alerte, léger et sûr de lui-même. Le simple fait d’arpenter les rues d’Horta pour prendre nos marques et repérer les magasins nous a donné de sévères courbatures et d’autres cloques, après quatre mois passés pieds nus. Les pieds des enfants se sont parfois trouvés à l’étroit. Par chance, Caroline, en bonne « Barbamama » avait anticipé les choses, ayant acheté dès les Canaries ou la Martinique des sandalettes de la taille supérieure pour chacun de nos moussaillons.





Ce tourbillon d’activité sociale retrouvée, le relâchement post-transat, les nuits écourtées de ces dernières semaines, sans compter les effets de quelques tapages nocturnes indépendants de notre volonté (nous étions amarrés au pieds du fameux Peter Café sport), ont entrainé chez nous un effet inédit : le syndrome « Géraaaaaard loqueuuu humaine » (réécoutez Coluche) ! Il faut se rendre à l’évidence : nous sommes fatigués. Le manque de sommeil accumulé pendant la transat et notre vie de semi-patachon ont eu raison de notre forme légendaire et nos velléités de reprendre la classe. Mais rien de grave, ça va déjà mieux, et puis, ne sommes-nous pas à présent en période de grandes vacances ?
Caldera et autres merveilles de Faial
Les îles des Açores ont émergé il y a plusieurs millions d’année des profondeurs de l’Océan. Il en reste de multiples volcans émaillant chaque île de l’Archipel. A Faial on peut se promener au bord d’un cratère majestueux, une caldera qui domine l’île et offre un itinéraire de randonnée sur les crêtes absolument magnifique et idéale pour notre remise en forme. Nous avons cheminé avec la famille de MANUA, notre voisin de ponton fraîchement arrivé de Martinique. Parfait pour entrainer les enfants ! Autre curiosité, le Volcao dos Capelhinos, un volcan surgit de la mer en 1958 à l’issue d’une éruption qui a duré plusieurs mois. L’île s’en est trouvée agrandie de 2km² et le phare placé à la pointe Ouest de Faial, lui, s’est retrouvé dans les terres…c’est ballot pour un phare ! On le visite maintenant comme un sanctuaire qui fait partie d’un musée parait-il très intéressant mais que nous ne pourrons visiter. Il est resté debout malgré l’éruption.







Les couleurs de Faial
Verte comme la couleur des champs cultivés sur l’ensemble de l’île, bleue comme la mer environnante, et bleue comme la couleur des innombrables massifs d’hortensias séparant les parcelles (l’île est d’ailleurs surnommée « l’île bleue ») ; noire comme celle de la roche volcanique et du sable des rares plages ; blanches comme la peinture des maisons immaculées, aux encadrements de fenêtres impeccables ; rouge comme la teinte des toits de tuile, Faial offre un foisonnement de couleurs qui auraient enchanté nos peintres impressionnistes et qui nous éblouissent à notre tour. On se régale de cette profusion de nature.



Pedro et les cachalots
C’est une idée étonnante quand on a eu la chance de croiser des cachalots en mer de vouloir y retourner sur un semi-rigide rapide. A vrai dire, nous étions curieux de connaitre un peu mieux ces animaux majestueux qui semblaient nous fuir à chacune de nos rencontres. Il parait que c’est un français qui est à l’origine ici du « Whale Watching ». Et j’avoue que devant mon scepticisme Hervé a pas mal insisté, d’autant que notre voisin de ponton, Pedro de « Azores Experiences », nous inspirait vraiment confiance pour ce genre de visite submarine. Nous avons appris qu’aux Açores, pour nager avec les cachalots il faut des autorisations spéciales. Une anecdote de transat suscitant terriblement l’envie nous a été rapportée à notre arrivée de traversée. Le bateau JACOTTE (que nous avons croisé pendant le voyage) a raconté avoir rencontré un banc de 7 cachalots en train de dormir (à la verticale), s’être arrêté pour nager avec les cétacés et rapporter de belles images. Le rêve ! Mais pour l’heure nous embarquons avec d’autres amis à bord d’une petite fusée des mers qui nous propulse à la poursuite des cétacés. Nous croiserons ainsi le chemin de plusieurs individus différents que nous pourrons approcher de près mais pas trop quand même jusqu’à ce que l’animal se lasse et nous gratifie d’un sondage en eau profonde. On voit alors la bête se cabrer et la queue magnifique apparaitre en totalité pour mieux replonger à la recherche de calamars ou de crevettes. Vous pouvez imaginer les OOOh et les AAHHH des enfants ! Il faut cependant s’en approcher par derrière à pas de loup sinon le cachalot s’enfuit. Nous l’avions bien constaté pendant la transat, ils n’aiment pas le bruit du moteur. Cela peut être utile à savoir si un cétacé s’approche de trop près par curiosité ou s’il ne nous a pas vu. La recherche des cachalots nous occupe pendant plusieurs heures, Pedro se fait assister par un guetteur sur l’île de Pico, un ancien de la pêche au thon, à l’œil acéré, armé de jumelles dans une cabane sur les hauteurs. Il s’aide aussi d’un engin digne d’une invention de Gaston Lagaffe qui permet d’écouter le chant des cachalots (proche du cri de cricket) et repérer les cétacés. A la surface de l’eau on les repère grâce à leur souffle puissant, et surtout de biais – le cachalot n’a qu’un évent contrairement à la baleine – qui dépend de la taille de la bête.

A l’écoute des cachalots un auditoire captivé Pedro le passionné
Si les cachalots sont aussi emblématiques des Açores c’est qu’ils ont été pêchés là-bas pendant de nombreuses années et jusqu’à une période récente, notamment pour leur huile. C’est l’emblème du célèbre PETER – Café Sport.

Le mur des navigateurs
Les quais d’Horta sont recouverts de peintures qui ornent le moindre espace disponible. De la splendide fresque au gribouillis rupestre, les équipages qui passent par Horta se font un plaisir de laisser leur trace. Souvent on lit le nom du bateau, les prénoms de l’équipage, parfois le parcours, l’année, un sigle. Le tout raconte de formidables aventures maritimes. Nous avions choisi de reproduire notre logo dessiné par notre ami Guillaume de Bats. Pas facile avec un pinceau retors mais Hervé s’en est bien sorti. Pas simple non plus d’associer les enfants dans cette œuvre d’art, mais chacun a pu mettre sa patte, et finalement écrire son nom au marqueur. Soutenir que tout s’est passé dans la décontraction serait mentir… et sans laisser de traces qui sur un t-shirt, un short ou une paupière aussi. L’énergie de nos petits a également débordé sur les murs d’à côté. Il faut dire que les quais sont dotés depuis cette année de locaux poubelles flambant neufs. Nous avions donc tout l’espace voulu pour notre peinture et pour laisser aux enfants la liberté d’écrire leur prénom ailleurs pour s’exercer. C’est amusant de retrouver les fresques de voiliers que nous connaissons : ARMELLE T. ; UHAMBO et bien sûr CHINTOUNA, les amis de Lorient ! Les peintures estampillées « 2020 » seront bientôt celles de l’an passé, mais resteront rares dans tous les cas vu le faible nombre de voiliers autorisé à débarquer depuis le mois de mars, ou alors sur le quai de quarantaine. Il faudra revenir, d’ailleurs beaucoup en parlent déjà…
Les délices des Açores
Après plusieurs mois d’un régime plutôt sain (pates/langouste) et à se serrer la ceinture pour compenser le coût de la vie, régime qui marche très bien aussi au sens propre, nous avons très vite repris goût à garnir le frigo de bonnes choses : en viande car les vaches sont légions par ici, en produits laitiers (on trouve d’excellents fromages) ; sans oublier les fruits et légumes locaux, ainsi que …le vin des îles ! Mais nous vous raconterons cela au fur et à mesure de nos découvertes, car chaque île produit de vrais trésors.


A bientôt !
Caro et Hervé !, et les trois papillons…,
« la nuit je mens », cette chanson de Bashung m’inspire à la lecture de votre dernier papier écrit aux Acores. Parfois, on se demande si ce que l’on fait est bien, si ce qu’on entreprend va dans la bonne direction. Est-ce qu’on se ment, est-ce que l’on fait semblant…. Cette magnifique chanson que chantait Alain Bashung, à l’aube de nous quitter, me revient en musique… La question se pose éternellement : fait-on les bons choix dans la vie. C’est compliquer d’y répondre, mais à propos de votre parenthèse de vie familiale, nautique et aventurière, d’aoùt 2019 à aout 2020, je propose de donner mon avis. Un Avis de lecteur assidu de vos papiers publié sous https://olaventure.com/. C’est vraiment un plaisir de lire vos écrits ! Pour les moins jeunes, nous avons tous lus les aventures de Moitessier, ou du voilier Damien ( et Kifouine aussi). Mais là c’est le récit de votre famille, que l’on connait : un couple et ses trois enfants… Ça dépasse la vie d’aventurier que je pouvais imaginer… Vu de l’extérieure, je donne mon avis : votre voyage, votre aventure, me fait rêver. C’est comme un bon bouquin d’aventure, on a du mal à le quitter…
A part ça, la vie est belle et c’est tant mieux.
Mich ptit-dèj
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Hello Michel un grand merci pour ce message ! A très bientôt sur la terre ! Bises à toute la famille
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