LOL n°43
Dernière ligne droite avant la Transat !
Bonjour à tous !
Qu’on se le dise, Lolita est en mode « départ Transat » ! On dirait « Code Orange » si on était engagé dans une course au large. Depuis quelques jours, nous nous penchons attentivement sur les prévisions météorologiques des jours à venirs. C’est devenu notre petit rituel, à Caro et moi. Chaque matin, une fois le petit déjeuner pris et les enfants retournés à leurs jeux, nous nous connectons dans la mesure du possible, à Internet, (eh oui le réseau est plus qu’aléatoire là où nous nous trouvons), téléchargeons les cartes météo des différents modèles et discutons des opportunités. Pour nous épauler dans cette veille de « bonne fenêtre », nous avons trouvé un ange gardien : Christian Dumard, célèbre dans le milieu de la course au large pour router les plus grands navigateurs dans leurs projets de records notamment. C’est un sacré soulagement pour nous de bénéficier de son expertise. La Transat retour n’est pas aussi évidente qu’à l’aller (rappelez-vous, nous étions alors poussés par les Alizées, ces vents soufflant régulièrement d’Est en Ouest, qui nous avaient portés en droite ligne jusqu’à notre destination, la Martinique). Pour la transat qui s’annonce, la fameuse transat « retour », il nous faudra désormais composer avec pour commencer les vents instables autours des Bahamas et des Bermudes, puis les dépressions qui déroulent plus au Nord et enfin, l’Anticyclone des Açores qui se balade autour de l’archipel ! Nous vous en reparlerons.

Oui, ça sent le départ à bord de Lolita. Nos amis d’Aimalaia, pressés par le temps (Xavier commence un travail le 1er juillet à Marseille), ont donné les premiers le signal du retour. Ils nous ont quitté la semaine dernière, profitant d’un trou de souris météo. Cela faisait deux mois que nous naviguions de concert, sans nous quitter d’une semelle, ce qui nous avaient permis à la fois de partager les moments de bonheur dans les mouillage de rêve (ah les Jardins de la Reine à Cuba, les Jumentos aux Bahamas), et de nous soutenir mutuellement dans les moments plus tendus (l’incertitude face à la fermetures des pays, l’expulsion sans ménagement de Cuba, les ravitaillements en mode confinement à Cienfuegos et Georgetown)… Des amis au cœur magnifique, à la générosité débordante, à l’énergie inépuisable, et à l’envie de gagner inoxydable (à la coinche surtout !). Pendant ces deux mois, les enfants ont eu des camarades pour partager, comme dans la cour de récré, leurs jeux, secrets, histoires, et maisons de sable, sans oublier les navigations en dériveur ou les plongées dans des fonds merveilleux, échangeant aussi leurs inspirations artistiques ou créatives.

Mais ne vous méprenez pas : Si effectivement, après le petit déjeuner, nous scrutons les prévisions météo en vue de la transat retour, le reste du temps, nous n’avons qu’une idée en tête : profiter de cet environnement exceptionnel que sont les Exumas, au centre des Bahamas. Oui, vraiment exceptionnel. Nous avons beau chercher, nous n’avons pas vu de plus belles « cartes postales » que ce coin-là. Un chapelet d’iles coraliennes, désertes pour la plupart, baignées dans des eaux translucides, empruntant toutes les teintes du bleu au vert, en fonction de la profondeur des fonds : vert quand il s’agit de sable, bleu turquoise quand les fonds sont plus, jaunes lorsque les fonds affleurent… Depuis quelques jours, nous nous sommes posés dans un mouillage désert, au pieds d’une ile qui s’étirent sur plusieurs centaines de mètres, mais qui n’est large que de quelques dizaines.
Le rythme est aussi paisible que relax. L’école ne commence pas avant 10 heures, nous faisons des siestes, cuisinons de bons petits plats. Les enfants dessinent, font des gâteaux. Les ballades à terre sont l’occasion de jeux et de prélassement sur la plage, les plongées font office de séance de sport. Le soir, nous faisons des jeux, regardons un film en famille. Hier, nous avons certainement fait la plus belle plongée de notre séjour aux Bahamas… Des coraux multicolores, des grottes à explorer. Et personne, pas un chat sur notre chemin. En ce qui nous concerne, c’est bien le seul avantage du Covid, les lieux sont désertés par les touristes et nous avons l’impression d’être les seuls à en profiter, avec quelques rares autres bateaux croisés ces derniers jours. Seule frustration, la pêche, car nous sommes dans un parc national. Oui, tant que nous sommes là, profitons, profitons, car il faut être réalistes, ce n’est pas de sitôt que nous reviendrons…Et puis cela fait plusieurs semaines que nous ne nous étions pas retrouvés exclusivement en famille, nous revenons aux sources du voyage, ce pourquoi nous avions mis les voiles il y 9 mois. Nous mesurons les progrès de chacun, tenons des conversations étonnantes, et chacun dans ses occupations semble heureux de son sort.


Jean s’émerveille


Les enfants sont en grande forme. Ils nous apportent chaque jour leur dose d’émerveillement et d’énervement ! D’émerveillement devant leur incroyable aptitude à s’émerveiller justement, même après neuf mois de voyage. La moindre tortue, le moindre requin apparaissant sous la coque est toujours un événement, avec force cris de joie et de tonnerres d’onomathopées sonores ! Hier, Jean nous a offert une séquence exceptionnelle : alors que je vidais et préparais deux poissons pêchés un peu plus tôt dans l’après-midi (pêchées en lisière du parc), deux requins, accourus « par l’odeur alléchés », tournaient sur la coque de Lolita. Jean en admiration devant ces deux belles bêtes (deux requins récifs de 2 mètres de long, inoffensifs), les a baptisés Paul et Martin (pourquoi Paul et Martin, un lien avec vous les Famelart ??), discutant avec eux comme deux bons copains. « Eh Paul, t’as faim ? tiens, une belle tête de poisson perroquet ; attention, tu manges lentement ! tu ne dévores pas ! ». « Non, Martin, tu en laisses à ton frère, et ne viens pas taper contre l’échelle ! »… On croyait entendre son père ! D’énervement aussi, lorsque, après 4 mois, le même Jeannot confond toujours les verbes « être » et « avoir », et s’obstine à mettre un « s » à la place d’un « ent » au verbe du premier groupe à la troisième personne du pluriel… Mais enfin passons, je me dis qu’on sème et que ça finira bien par rentrer. Au passage, je tire un immense coup de chapeau à tous les instituteurs pour leur patience, je m’aplatis la face contre terre rien que d’y penser !
Vie ma vie de caréneur aux Bahamas
Hier, en rentrant de notre plongée sous-marine, encore pleins d’étoiles dans les yeux, nous nous sommes mis à la préparation du bateau. Caro voulait inspecter l’état de la grand voile, prévenir l’usure (la voile frotte parfois sur les câbles du mât) et y recoller des penons (petit bout de laine) afin d’en surveiller le réglage en navigation. Pendant que je m’attèle aux fourneaux (au menu ce soir « courges saucisses », un régal), et que Pierre-Louis dessine les maillots domicile et visiteurs de plusieurs équipes de rugby (en attendant de trouver le « maillot » du Stade Toulousain), que Jean et Juliette s’imaginent mutuellement des histoires abracadabrantes (il y a deux poneys et une vache playmobiles baptisés respectivement « Rapido », « Petit Pas » et « maman chéri », je n’en sais pas plus), elle hisse la voile, l‘ausculte. Mission accomplie, nous sommes prêts pour envoyer les voiles. Ce week end, il a plu, chose assez rare pour être signalée, mais cela ne nous a absolument pas perturbée. Juste un peu plus de dessins et de lectures dans le carré de Lolita. Un orage pourtant digne de ce nom, qui nous a donné quelques sueurs froides quand les éclairs semblaient plus proches. Un bateau resté 20 km plus au sud nous a rapporté avoir pris 62 nœuds (125km/h) au mouillage. Finalement nous nous en sommes bien tirés, avec un petit saut sur la plage pour se dépenser.







Alors la suite ? Eh bien la suite… D’abord rejoindre les Bermudes, si possible, afin de ravitailler, puis gagner les Açores. Sur place, on verra bien. Soit les frontières sont ouvertes et on pourra en profiter, soit elles sont fermées, et il nous faudra alors songer à une destination alternative (Irlande, Ecosse ? Norvège, Portugal, Méditerranée ?)… En tout cas, il nous reste 4 mois de voyage, et nous comptons bien en profiter jusqu’à la dernière minute.
En attendant donc, on prolonge notre étape « transit » aux Bahamas (n’oublions pas que nous sommes toujours sous pavillon Q, c’est-à-dire en transit). Mais si nous étions un peu anxieux au début de notre séjour sur place de voir débarqués les garde côtes, cette préoccupation nous est désormais complètement étrangère… A part les gardiens du parc, nous n’avons absolument vu aucun uniforme depuis notre arrivée en territoire bahamien…
Il y a quelques jours, avant le départ d’Aimalaia, nous nous sommes arrêtes à Staniel Cay, premier déparquement en terre habitée depuis bien longtemps (Santiago de Cuba le 18 mars…)… Seule obligation : porter un masque en tissu ! nous en profitons pour remercier Ainoa qui nous en avait fabriqué un pour l’occasion ! Caroline comptait en profiter pour compléter l’avitaillement, mais à 10 USD le pot de Yahourt d’un litre, elle a vite réduit ses prétentions à la baisse. Tant pis, nous nous passerons de yahourt ! Depuis 2 mois nous n’avions pas déambulé dans les rues d’une île ni rencontré. Quelle drôle de sensation. Une île bien tranquille habitée par des rares habitants (non masqués !) de type antillais, très à la cool et charmants. Ce fut comme le mirage d’une oasis en plein désert.
Ces derniers jours, nous sommes aussi restés dans notre joli mouillage de Cambridge Cay pour laisser passer une tempête tropicale qui nous a donné 3 jours de vent fort et de pluie. La chaleur est un facteur aggravant pour les coups de vent qui évoluent en tempête et peuvent donner des trombes. En saison estivale, cela peut donner des cyclones, l’un a ravagé l’an dernier le Nord des Bahamas, causant des dégâts terribles jusque dans les nappes phréatiques. Heureusement, les orages, véritable épée de Damoclès au-dessus de nos mât, ont épargné notre zone. Tout juste avons-nous pu admirer de terrifiants éclairs assez lointains. En choisissant bien nos créneaux nous avons réussi à faire des sauts à terre, salutaires pour l’ambiance à bord. Il faut préciser que notre moteur d’annexe étant HS nous devons ramer contre le vent pour atteindre la rive. Alors généralement Caroline fait le chemin à la nage, parfois suivie par un requin curieux (mais inoffensif, d’après notre bouquin) et Hervé souque ferme sur les aviron pour ne pas se laisser déborder ni par le vent ni le courant, encouragé par la petite troupe.
Et pour terminer, voici des nouvelles des bateaux copains rencontrés au cours de notre voyage :
Aimalaia : repartis Jeudi, ils sont toujours en mer, et se dirigeait vers les Bermudes, mais au dernier message, recu ce matin, ils semblent renoncer à cette destination pour continuer directement sur les Acores. Les conditions ont été rudes, 20, 25 nœuds dans le nez, nos deux amis malades et un panneau de pont prenant l’eau…
Wotan (Claudine et Jean-Pierre) : retour au bercail pour ces bons amis, les premiers rencontrés au cours de notre périple. Leur bateau quant à lui, navigue en cargo. A quand le prochain départ ? une chose est sûre, on ira les voir à la Turballe lorsque nous rentrerons en France ?
Speranza B&B (Bruno et Babeth,nos companeros de tripulation à Cuba) : Babeth, sa personnalité et son histoire magnifique, ses petits pains au chocolat et ses pancakes aux bananes, Bruno, son expertise de la pêche sous-marine et ses talents d’éducateur (Pierre-Louis a appris à chasser au fusil grâce à lui !) : nos amis sont au Venezuela, dans les iles mythiques des Roques, à vivre des aventures qui pourraient devenir des films avec les autorités locales…
Jacotte (Benji, Elena, Bao et Enja), Spica (Béné et Jérome et leurs 4 garcons), Avalon (Pierre-Yves) sont toujours à Saint Barth et se préparent à traverser dans quelques jours. Avec un peu de chance, nous retrouverons tout ce petit monde aux Acores dans un peu moins de trois semaines !
Boomerang (Stéphane, Geneviève, Camille et Charles) : comme Wotan, de retour au bercail, avec leur beau catamaran, sur le dos d’un cargo. Nous les reverrons avec plaisir à Vannes, et comptons bien partager avec eux une côte de bœuf maturée un mois. Ils nous ont mis l’eau à la bouche, les vaches !!

Salut Caroline, un jour après votre retour en France, il faudrait reprendre tous ces écrits et en faire un ouvrage. Réécrire le voyage comme une Olaventure à faire baver les lecteurs, y ajouter les commentaires des enfants qu’il y a dans les vidéos. Je veux bien en faire la maquette gratos.
Pour l’orthographe de Jean et les “ent“, il y aura un déclic, sa tête est dans l’aventure et la place pour les conventions il verra plus tard. Jusqu’à 8 ans, mon frère disait le verbe “maider“ parce qu’on dit souvent : viens m’aider. Grosses bises d’un Fantasia qu’on n’arrive pas encore à déconfiner. Steph’
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C’est toujours un grand plaisir de recevoir la suite des aventures de Lola!
Mais nous sommes un peu inquiets: vous aurez à aborder le triangle des Bermudes, réussirez-vous à le traverser sans y disparaître?
Si vous réussissez, nous aimerions en savoir un peu plus à son sujet: est-il isocèle, équilatéral, rectangle, ou banalement scalène?
Tous nos vœux pour cette transat; affectueusement,
Noëlle et Jean-Louis
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Bonne navigation sur Lolita !!!
Bisous Manue
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Coucou les Lol! Fichtre ça donne envie ces Bahamas… Surtout masquée dans le TGV pour Paris 🙂 Enfin je n’y reste pas longtemps, bientôt la Bretagne et de nouveau l’océan ! Vos photos sont superbes. Des bisous pour tous!
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Coucou Lara merci pour ton message,est ce que tu peux reprendre un peu ton voyage ? Bises
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