Dominique, l’île aux cascades

LOL n° 33 Dominique l’île aux cascades

Bonjour à tous !

Le voyage continue ! Après quelques jours d’escale technique (et de rattrapage scolaire) au Marin, en Martinique, nous voici en Dominique.

Le Marin, c’est l’escale incontournable pour tous les plaisanciers en voyage. A de rares exceptions près, vous ne trouverez personne qui se dira heureux de s’y arrêter. Effectivement on y vient soit parce qu’on a un problème technique à résoudre (c’était notre cas avec notre dessalinisateur en panne lors de notre arrivée de transat’), soit qu’il a besoin de faire l’avitaillement en eau, gasoil et approvisionnement. Le fait est que tout le monde s’y arrête à un moment de son voyage aux Antilles. Quand vous y arrivez, ce sont donc de centaines de voiliers qui y stationnent, soit au ponton, soit sur corps morts soit au mouillage. Pourquoi justement ce lieu, si éloigné de la capitale Fort de France ? Le village n’a pas beaucoup de charme, et la marina, comme toutes les marinas, n’en a aucun. Mais le Marin est situé dans un endroit parfait pour les bateaux, car il s’agit d’un « trou à cyclone ». Un trou à cyclone, kézako ? Un lieu très protégé, qui en cas d’ouragan tropical (les fameux cyclones) permettent d’être relativement à l’abri des vents les plus violents et surtout de la houle qui pourrait venir du large.

Pour notre part, nous y faisons une escale technique prolongée de 4 jours, bien trop longue à notre goût, mais indispensable pour y soigner notre Lolita : dessalinisateur, démarreur, guindeau, étanchéité, gréement, c’est la première fois que nous travaillons autant sur notre monture bien aimée depuis notre départ de France… Par chance cette escale est égayée par quelques agréables retrouvailles et sympathiques rencontres : d’abord Gaelle, Tanguy et Elouan, du voilier Atsena, croisé aux Tobago Cays, et ensuite la joyeuse famille de Ghislain, Léopoldine et leur quatre enfants sur le voilier Tacum IV, qui eux pour le coup ont fait une escale prolongée au Marin pour réparer des soucis autrement plus importants que les nôtres… Et comme souvent, ces retrouvailles et ces rencontres ont lieu à un moment bien précis de la journée : après la journée de travail,  à la tombée du jour, autours d’un ti punch « maison » que chacun prépare à sa façon. Ca bavarde, ça rigole, c’est le voyage et c’est les rencontres qui le rendent si bon. Pendant ce temps-là, inutile de vous dire que les enfants ne sont pas en reste. Investissant les autres bateaux, on les voit gambader sur les pontons, hurlant, piaillant, sautillant comme des étourneaux.

Prince Rupert Bay, Portsmouth

La Dominique,

Cette fois c’est la bonne ! Après un départ avorté la veille à cause d’une télécommande de guideau récalcitrante (Caroline passera sa soirée à recabler la nouvelle télécommande, cherchant la bonne combinaison entre les fils montée / descente / neutre, un vrai casse-tête !), nous levons enfin l’ancre de notre mouillage du Marin, direction la Dominique, cette petite île située au nord de la Martinique, coincée entre cette dernière et la Guadeloupe plus au nord. Comme un mois auparavant, nous arrivons à Prince Ruppert Bay, dans le nord de l’île, au pieds de la petite ville de Portmouth. Une baie bien protégée de toute houle et offrant un mouillage sûr. Nous y arrivons en fin de soirée, après une journée entière de navigation musclée, notamment dans le canal entre la Martinique et la Dominique. Comme la dernière fois, nous sommes accueillis par les boum boum de la musique techno à notre tribord, et le son du reggae à notre babord. Pas de doute la Dominique est aussi l’île de la fête et de la musique ! cela ne perturbe en rien le sommeil des enfants, saoulés d’air marin, et calés au diner d’incroyables « pates au picsou » (dixit Jean) – il s’agissait en fait de banales pâtes au pistou… Cela nous a bien fait rire avec Caro, et c’est ce qui est bon avec des enfants, les choses banales prennent souvent et de manière inattendue une saveur tout à fait originale, c’est le cas de le dire !

Une fois le mouillage sécurisé, les voiles ferlées et le cockpit rangé, les parents que nous sommes imitons nos chers petits et rejoignons rapidement les bras de Morphée pour une bonne nuit de sommeil bien méritée.

Titus, le boy boat qui emmène les enfants à toute l’allure (rien à voir avec notre annexe et son petit moteur électrique !) succès garantit

Samedi 8 février.

 Le soleil se lève sur la Dominique, et avec elle, sur notre petit bateau. Comme chaque matin, nous sommes réveillés par les enfants. Au mieux ce sont des rires espiègles, au pire, des cris et des larmes pour un jeu de carte mal distribué ou une tricherie mal camouflée. Souvent, c’est Pierre-Louis le premier réveillé qui se plonge dans la lecture d’un livre, l’écoute attentive d’un podcast, ou un jeu inventé par ses soins. En ce moment sa grande affaire, c’est un incroyable championnat du monde virtuel de rugby, avec des équipes venues de nulle part et des duels au sommet improbables. Les dernière affiche était un alléchant Papouasie Nouvelle Guinée – Arabie Saoudite, remportée d’extrême justesse par la Papouasie… Pierre-Louis commente les matchs, à l’heure dite (le tournoi est prévu jusqu’au 7 mars et aucune des dates et des horaires de chaque match n’a été laissée au hasard), avec une application et une ferveur qui, c’est certain, auraient fait l’admiration de Pierre Salviac et Pierre Albadejo.

Mais revenons à nos moutons : La Dominique. La Dominique, c’est un tout petit pays (75000 habitants), une île sauvage et montagneuse, entièrement recouverte de forêt tropicale. Pour la découvrir, pas d’autre choix que de louer une voiture, car l’intérêt de l’île réside essentiellement dans ses montagnes.  Vous me direz : « si c’est pour marcher dans la forêt tropicale toute la journée, où est l’intérêt ? ». L’intérêt, c’est qu’au bout de chaque sentier, on y trouve… une cascade. Avec les pluies diluviennes qui arrosent quotidiennement ses reliefs, la Dominique est parsemée de cascades exceptionnelles. Le deuxième intérêt, c’est que la Dominique étant une île volcanique active, on y trouve un peu partout, outre les cascades, des sources d’eau chaude, chauffées par le magma des profondeurs.

C’est parti donc pour la première rando de la journée. Nous allons visiter Emerald Pool (la piscine d’émeraude). Perdue dans la montagne, nous espérions y trouver le calme et la tranquillité… La bonne blague. En arrivant sur le site (une magnifique cascade plongeant dans un bassin), ce dernier est « trusté » par un groupe entier de jeunes venus crapahuter à la journée. Cela n’empêchera pas les enfants de plonger à plusieurs reprises, sous une pluie diluvienne !

Après cette première escapade, direction les bains chauds de Wotten Waven Sulphur Springs. La pluie redouble d’intensité. Dans ces conditions, la conduite s’avère assez périlleuse. Il faut dire que nous ne sommes pas aidés par la technique : D’abord parce que les routes en Dominique sont truffés de nids de poule, d’affaissements de bas de côtés et de tournants brusques, ensuite parce que notre voiture de location, un vieux tacos Honda à la tenue de route approximative et aux amortisseurs en fin de course, en accentue les défauts… ajoutons à cela, rien que pour nos yeux, le sacro-saint héritage routier anglais et sa conduite à gauche. Vous imaginez la dose de concentration (avec trois enfants en pleine forme à l’arrière)

Ca faisait longtemps qu’on n’avait pas pris un bon bain chaud !
douche froide après le bain chaud
last but not least : le bain de boue entre hommes !

Mais nous y voilà. Les sulphur springs, ce sont des sources naturelles d’eau chaude, chauffée par la géothermie locale. Elles sont aménagées en piscines naturelles dans lesquelles on plonge avec délice. L’effet est saisissant : imaginez-vous prenant un bain chaud en pleine nature, au milieu d’une végétation aussi belle qu’exubérante. Autours de vous, les oiseaux gazouillent de toute part, et les multiples ruisseaux chantent leur douce mélodie. Bonheur. On s’y prélasse, puis on va se rafraichir à la cascade d’eau fraiche installée à proximité. Effet bien-être garanti ! Malheureusement, si pour les parents, l’effet relaxant est indéniable, sur les enfants, c’est l’effet inverse ! Excitation maximale ! Ils sautent d’un bain à un autre, éclaboussent un jeune couple visiblement en voyage de noce, qui croyait gouter comme nous au calme et à la sérénité des lieux… Intenables depuis notre arrivée en Dominique, ils sont dans un état d’excitation tout à fait déroutant ! Est-ce l’air soufré que l’on respire ici ? A défaut de les balancer par-dessus bord, on les laisserait bien en forêt pour respirer un peu ! Soyez rassurés : on ne l’a pas fait !  Mais à deux trois reprises, en voiture notamment, la tentation fut forte.

En cette fin de journée, le trajet retour est pourtant bien calme : Jean et Juliette s’endorment après deux virages. Le réveil pour regagner le bateau, est d’ailleurs particulièrement pénible à gérer…

Dimanche 9 février

Aujourd’hui, on va « bouffer du mille ». Non pas à la voile, mais à pieds cette fois ! Nous cherchons une bonne rando pour défouler nos petits ; direction la Middleham falls. Il faut une heure de marche en forêt pour s’y rendre, idéal ! On a hésité avec le format 3 heures plus ambitieux, mais la rando en question semble un peu difficile compte tenu de la météo. La ballade au cœur de la forêt tropicale est somptueuse. Contrairement à la veille, nous sommes seuls, et cela change tout. On repense aux explorateurs d’antan, Christophe Colomb et consorts, s’aventurant au cœur de cette forêt épaisse, progressant pas à pas, machette en main, glissant, titubant, jurant. Assaillis par les moustiques, trempés de pluie et de sueur, remontant les cours d’eau, et découvrant ces fabuleuses cascades. Celle de Middleham mesure plus de 80 mètres.  Ce sont des dizaines de mètres cubes d’eau fraiche se jetant dans le vide. Au pied de la cascade, le spectacle est aussi époustouflant que le bruit est assourdissant. La vapeur d’eau dégagée par la cascade, elle, nous trempe de la tête au pieds. Bien vite, Juliette, tétanisée autant par le vacarme que par le froid, fait marche arrière. Mais Pierre-Louis et Jean veulent absolument se baigner. Les voila nus comme des vers dans ce spectacle féérique. On se croirait revenus aux origines du monde !

Pique-nique rapide au bord du chemin. Nous expédions nos sandwichs et reprenons le chemin du retour. L’après-midi ne fait que commencer et il y a encore tant d’autres cascades à découvrir. Direction les Titu gorge. Heureusement pour nous, cette gorge est à quelques minutes seulement en voiture. Arrivés sur place, nous sommes accueillis par deux personnes bien sympathiques (vivent les enfants qui à eux seuls sont des véritables clés de sésame !) qui nous louent des bouées, dont le port est obligatoire. On proteste un peu, on dit qu’on sait nager, mais « si-si vous devez porter des bouées, vous verrez, c’est utile et même obligatoire ! ». En bons touristes (français), après avoir râlé, on obtempère. Mais la suite nous prouvera que nous avions bien tort de protester et bien raison d’obtempérer. Nous nous engageons à la nage dans un étroit canyon. Les enfants sont un peu impressionnés ; avec nos bouées, nous barbotons comme des petits canards, nageant contre le courant. Plus nous avançons, plus le bruit d’une cascade se fait entendre. Et effectivement au fond du canyon, nous tombons dans une sorte de caverne sur une cascade de plusieurs mètres. Au dessus de nos têtes, les falaises du canyon, et plus haut les arbres et la canopée. Nous nous engageons plus avant. Grâce à la cascade, et aux trombes d’eau tombées ces dernières heures, nous nous offrons une séance de canyoning gratis, portés par le courant. Les enfants sont ravis, on se régale !

Allez, l’après-midi n’est pas encore terminée, nous avons encore des cascades à voir à proximité. Les guides disent que ce sont les plus belles de l’île : Trafalgar falls. On s’y rend rapidement. Il est 17 heures 30, le site est fermé, mais les portes sont grandes ouvertes. On s’y rend donc sans problème. On ne nous avait pas menti, l’endroit est somptueux. Deux cascades jumelles de plusieurs dizaines de mètres de haut, dévalant de part et d’autre d’un gros pain de sucre. Les enfants qui ne se lassent jamais, s’élancent pour leur troisième baignade de la journée ! Ils glissent de piscines en piscines, sautent de rochers en rochers.

L’une des deux chutes de Trafalgar Falls

Eblouis par ce spectacle naturel somptueux, nous reprenons la route de Portsmouth. Devant nous, à l’horizon, le soleil se couche. Nous sommes crevés mais ravis de notre journée.

Lundi 10 février – dernière journée en Dominique

Il est temps de remettre les voiles ! Dans une semaine, nos amis Valérie et Samuel et leurs enfants seront en République Dominicaine pour venir nous rejoindre et il y a de la route pour rejoindre cette destination. Avant de partir, nous profitons encore de la voiture pour aller explorer la côte est de l’île. On nous a parlé d’une plage de rêve, Batibou beach. Il nous faut une demi-heure pour y parvenir, roulant à travers une étroite vallée. Le spectacle est assez impressionnant, pas tant à cause de la nature exubérante mais en raison de l’état des maisons et de certains paysage C’est l’une des autres réalités de la Dominique : l’île est régulièrement dévastée par les cyclones. Le dernier en date, Maria, en septembre 2017, a tout dévasté : 90% des habitations endommagées, 100% de l’agriculture détruite. Les traces de ce cyclone sont nombreuses : forêt de palmiers décapitées, maisons encore dévastées. On imagine mal la puissance de ce phénomène climatique ultraviolent (des vents moyens à 280 km/heure) et le traumatisme vécu par la population locale. Pourtant les stigmates sont là, témoins de ce coup du sort climatique. En 2017, la Dominique se relevait tout juste la tempête tropicale sévère de 2015 qui avait emporté une partie du réseau routier. Il en reste quelques stigmates mais aussi des équipes de spécialistes chinois qui vivent dans des baraquements sur le bord de la route et travaillent même le dimanche pour reconstruire les grands axes.

La plage de Batibou offre effectivement un décors de rêve. nichée entre deux falaises, il s’agit d’une plage de sable noirs, bordées de cocotiers. Un vrai paysage de carte postale. Nous sommes seuls sur cette plage. On aimerait prolonger l’instant…Les enfants ont rapidement entrepris la construction d’un château de sable. Juliette a trouvé une balançoire suspendue à un cocotier. Et pour Caro et moi c’est l’occasion de nous balader sur la plage en amoureux. « Luxe, calme et volupté » comme le dessinerait mon idôle le grand Sempé ! Au moment de partir nous croisons le « gardien » de la plage, chargé d’encaisser la « redevance » (5 usd par adulte) comme sur la plupart des sites naturels. D’autres touristes arrivent en 4×4. Les dominicains vivent tant bien que mal du tourisme, et on ne peut leur en vouloir.

A bientôt !

5 réflexions sur “Dominique, l’île aux cascades

  1. EMMANUELLE BERTHE

    Salut à toute la tribu Olaventure

    Après des problème techniques, la récompense était au RDV §
    Belle rando, belles cascades cela me rappelle la cascade des écrevisses en Guadeloupe, et bon moment sur la plage ! J’espère que les bains bouillonnants étaient agréables ….!!!
    Bonne navigation
    Je vous embrasse
    Manue

    J’aime

  2. Honte à moi je decouvre grâce au blog que la Dominique est nichée entre la Guadeloupe et la Martinique 🤨… ça fait envie toutes ces cascades, les photos sont très belles . Ça fait plaisir de voir Beatrice en pleine forme ou presque malgré le mal’de Mer. J’ imagine que les retrouvailles ont été chaleureuses avec les petits enfants .

    Aimé par 1 personne

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