Guadeloupe, une escale extra-ordinaire !

LOL n° 31

Bonjour à tous,

Il était temps ! Après bientôt trois semaines sans nouvelles, nous voici de retour sur les ondes ! Vous vous demandiez certainement quelle était la raison de ce silence radio prolongé : une grosse crise de fainéantise post-réveillon ? Une paralysie subite et conjointe de nos quatre mains ? La perte de notre ordinateur (on a juste perdu 2 téléphones) ? Non, rien de tout cela ! Simplement deux semaines d’une escale exceptionnelle en Guadeloupe qui s’est achevée il y a quelques jours sur les chapeaux de roue ! Et puis, le temps de rallier la Martinique, et de se remettre tout court…C’est depuis l’archipel des Grenadines que nous revenons sur ces dernières semaines.

Souvenez vous, nous venions juste de rallier Pointe à Pitre après avoir quitté les Saintes où nous avions passé le cap de la nouvelle année, et quelques jours bien agréables dans cet archipel enchanté.

grain tropical

Samedi 5 janvier – Le Tour de Basse-Terre

Nous quittons Pointe à Pitre pour une navigation au moteur, sous une pluie battante, annonciatrice d’un temps perturbé qui nous accompagnera tout au long de cette escale. Des grains de pluie violente s’abattent sur Lolita, alors que nous rangeons le tuyau d’arrosage qui nous avait permis la veille de la rincer généreusement d’une eau bien douce. En 24h elle reçoit plus d’eau claire qu’elle n’aura eu en 3 mois de navigation de mouillages en mouillages. C’était bien la peine de gâcher autant de litres alors que le ciel nous en offre tant ! Mais on ne boudera pas notre plaisir de la voir si belle.
Je me paie une belle gamelle en glissant sur le pont, mais le bleu sur la cuisse ne fait pas le poids quand retentit le cri le Pierre-Louis, « on a une touche » et nous remontons un joli barracuda, qui finit aussi sec en sushi et en steak. Nous apprendrons peu après que la ciguatera menace les mangeurs de ces espèces. Il s’agit d’une algue toxique au contact des coraux, qui ingérée par les petits poissons puis les plus gros peut donner une sévère intoxication au pêcheur…Prudence (pour la prochaine fois !)

Le mouillage de Deshaies se trouve au Nord Ouest de Basse Terre, c’est l’un des mieux abrités de la côte sous le vent, parfait pour laisser Lolita quelques jours en sureté. Il aurait été plus simple de filer directement vers le Nord en passant par la Rivière Salée qui sépare Basse Terre de Grande Terre, mais c’est tout simplement impossible puisque les ponts ouvrants ne fonctionnement plus depuis 3 ans. Nous sommes obligés de faire le tour complet de Basse Terre et atteindrons Deshaies à la nuit tombée. En passant devant Pointe Noire, le bourg d’avant, je passe un coup de fil à la sœur d’une amie, qui est installée en Guadeloupe depuis 6 mois. Lorraine nous réserve un accueil adorable, et son mari Bruno se propose de nous emmener le lendemain à l’aéroport pour récupérer notre voiture de location, ouf, c’est un sacré coup de main (aucun bus ne circule le dimanche en Guadeloupe). En attendant, nous voilà arrivés devant Deshaies, le mouillage est rempli de bateaux en ce dernier WE de vacances, et nous avons bien du mal à trouver un petit trou pour jeter notre ancre. Les enfants commencent à perdre patience, ils ont faim, et tout le monde s’énerve. Mais l’instant d’après nous sommes devant un bon plat de pâtes, et le sommeil efface le reste.

Dimanche 6 janvier, jour des Rois

Ce matin, nous filons tôt à terre pour assister à l’office, qui a été décalé d’une heure pour accueillir l’Evêque de la Guadeloupe, un homme énergique à l’accent du Sud Ouest. Ce qui nous permet d’arriver à l’heure pour une fois ! (bonne résolution 2020 : arriver à l’heure à la messe) et aussi d’acheter une alléchante galette des rois à la boulangerie de Deshaies. Bruno m’emmène comme convenu à l’aéroport et nous déjeunerons tous ensemble chez eux dans probablement la plus belle caserne de gendarmerie de l’Ile, avec une vue imprenable sur les Ilets Pigeons, paradis de la plongée.

Dans l’après-midi débute notre mission repérage en vue de l’escale de nos amis handicapés. Nous découvrons la plage de Bouillante, qui foisonne de loueurs de kayaks et d’écoles de plongée afin de trouver une école prête à nous proposer des baptêmes pour les personnes handicapées.

Lundi 7 janvier : dans la forêt avec Captain Fantastic

Jean-Pierre Chicaté

Ce matin, les enfants auraient dû commencer leur première journée à l’école Agenor Beaujour de Deshaies. Le directeur avait donné son accord, la caisse des écoles aussi, manquait la signature du maire… Nous les embarquons donc pour une tournée de rencontres étonnantes. D’abord au gîte Mosaïques, où nous débarquerons prochainement, afin d’organiser couchage et aspects logistiques du séjour. Puis à Sainte Rose, où nous faisons connaissance de Jean-Pierre Chicaté et un de ses amis, Bruno, thérapeute.

Depuis plusieurs semaines, nous étions en relation avec Jean-Pierre dont la fille Gaia, âgée de 22 ans est handicapée IMC  et vit dans un foyer au Lamentin. Il nous a été présenté par une amie journaliste d’Alice, grande organisatrice de notre escale (nous y reviendrons). Jean-Pierre nous présente son association, « KOUMBIT » qui signifie « coup de main » en haïtien, pour figurer l’entraide nécessaire entre les hommes pour avancer. Jean-Pierre, qui me fait un peu penser à Yannick Noah dans sa façon très posée de s’exprimer, nous parle du nécessaire retour à la terre (dans le sens reconnexion avec la terre). Sa maison est d’ailleurs installée au cœur de la forêt tropicale. Plutôt que maison, il faudrait parler de cabane, car c’est d’une cabane dont il s’agit. Construire sur pilotis, en bambous et en feuilles de palmiers, elle se confond véritablement avec la forêt qui l’entoure.

Jean-Pierre et Gaïa

Dans ce lieu insolite, retiré du monde, il propose, dans le cadre de son association, à des groupes d’enfants ou de jeunes en difficultés un « retour à la terre » dans la forêt de ses ancêtres. C’est là qu’il a élevé ses trois enfants, dont Gaia que nous rencontrons dans son foyer : Gaia a toute sa tête mais des séquelles neurologiques l’obligent à être assistée pour une grande partie des actes de la vie courante, et elle ne se tient pas assise par exemple, une coque lui permet de se tenir dans son fauteuil. Difficile d’imaginer la vie qu’elle a pu avoir dans cette forêt, mais l’énergie de Jean-Pierre lui a permis de vivre déjà des expériences inhabituelles pour une jeune femme de son âge. A la façon dont il nous parle de son projet éducatif, il nous vient spontanément la comparaison avec « Captain Fantastic » joué au cinéma par Vigo Mortensen, un film qui nous avait bien marqués. Jean-Pierre sourit à cette évocation, il ne renie pas la référence ! Il note nos numéros dans son téléphone et nous gagnons de nouveau prénoms : Ewé et Cawo (en créole !)

Difficile de déscotcher les enfants de ce terrain de jeu sauvage, ils ont trouvé des calebasses pour faire de la potion magique nous rentrons au bateau avec une noix de coco fraichement dépecée sous le bras. Vive la vie sauvage !

Mardi 8 janvier – samedi 18 janvier : L’escale « la Mer en solidaire », parenthèse enchantée

Pour nous, ce projet d’escale commune avec nos amis handicapés était une évidence. L’idée avait même émergé bien avant notre propre projet de voyage en famille ! On ne pouvait tout simplement pas voyager un an en bateau sans organiser un tel séjour ! Impossible, inconcevable ! La raison ? Tout est mieux avec nos amis handi que sans eux ! Tous les séjours, évènements, voyages qu’on a fait ensemble sont de tels souvenirs, qu’il aurait été dommage de s’en priver sur une telle destination, les Antilles.

C’est en février dernier que je passais le premier coup de téléphone à Manue pour évoquer ce projet. Immédiatement, elle m’avait répondu positivement et s’était emparée de l’organisation : trouver des accompagnateurs, un logement, des contacts sur place pour les activités. Rapidement, nous avions également contacté nos amis Alice et Nicolas, des copains francais expatriés à New York, pour participer à ce projet ! Même réponse positive et enthousiaste de leur côté ! Le groupe était formé : Manue, Guillaume et Clémence côté copains handi, Alice et Nicolas et Franck et Sarah (une ancienne AMP du foyer Passeraile, amie proche de Manue et Clémence) côté accompagnateurs. Grâce aux connaissances d’Alice sur place, le séjour fut rondement organisé par ses soins. Manue et Sarah lançaient de leur côté la recherche de financement, grâce à une cagnotte sur le site internet (toujours ouvert d’ailleurs !! allez-y !).

Le mercredi soir, nous sommes donc à l’aéroport avec nos amis Nicolas et Alice arrivés la veille. On guette les voyageurs à travers les vitres de l’aéroport. Après une longue attente (les personnes handicapées sont, en avion, les premières à embarquer et les dernières à débarquer… Heureusement qu’ils ont un sens de la patience inné et illimité par rapport au commun des mortels !), nous les voyons enfin apparaitre. Signe de main, baisers volants, ça y est, ils sont là. C’est parti pour 10 jours d’une escale enchantée, faite d’excursions improbables, de rencontres étonnantes, et surtout d’une joyeuse et chaleureuse ambiance.

vue d’un des gîtes

Pour célébrer les retrouvailles et fêter le début du séjour, nous trinquons naturellement à un ti punch maison… malgré la fatigue nous veillons tard. Chacun fait connaissance, on raconte notre voyage, nos rencontres. Immédiatement, on sent que la « mayonnaise » prend entre les uns et les autres. Parmi nos amis « handis » il y a Emmanuelle dite Manue, Hervé la connait tout comme Guillaume (Guigui) et Benoît (Ben) depuis l’aventure de Kifouine, un tour du monde pour Passer’aile. Manue, qui a déjà voyagé avec sa sœur Perrine n’a peur de rien !  Douce et souriante, c’est une fille pleine de ressources, qui intervient comme formatrice auprès des AMP (assistantes de vie auprès des personnes handi) Les enfants l’ont câlinée pendant le séjour. Guigui, notre vieux complice de la Mer en Solidaire a immédiatement répondu présent, c’est un grand ami de Manue. Vieux complice, car il a participé à de nombreux séjours avec nous en voilier gagnant le surnom de « Guigui, le marin qui sourit » Il vit maintenant dans un foyer de la Croix-Rouge, d’aussi loin qu’on le connaisse il a toujours cherché à travailler et dépasser son handicap. Clémence, elle, a malheureusement dû renoncer pour raison de santé, et elle a été remplacée au pied levé par Ben, notre soleil, toujours de bonne humeur, généreux et positif, fan incontournable du PSG et de cinéma. Il répète souvent « t’inquiète, ça va » comme s’il s’inquiétait qu’on s’inquiète pour lui c’est dire !

Guigui
Ben
Manue

Je disais plus haut que ce séjour avait été fait de belles rencontres. Parmi elles, celle de Jordan, un contact d’Alice, un jeune homme plein d’ambition pour sa Guadeloupe, qui, avec sa compagne Cassandre, a crée un espace de co-working (bureaux partagés) et d’énergies permettant entre autres de faire se rencontrer de belles initiatives locale (ou de passage). A Pointe à Pitre, il a débarqué sur Lolita avec des petits produits locaux, et le courant est immédiatement passé. Situé dans une zone commerciale de Baie Mahaut, le Spot nous a reçu pour une soirée d’échange avec des personnes intéressées par notre aventure en famille à la voile, et nous avons bien sûr évoqué notre escale solidaire et l’association la Mer en Solidaire. Une journaliste de France Antilles Guadeloupe (l’équivalent du Télégramme de Brest) présente ce soir-là nous a offert une pleine page dans l’édition du week-end. Ce fut aussi un moment spécial pour Gaïa et son père, désireux d’exprimer leur expérience du handicap. Gaïa qui a passé plusieurs années en Belgique dans un foyer adapté, s’apprête à y retourner, après un retour en Guadeloupe raté. A 22 ans elle ne trouve pas sa place dans un foyer accueillant des personnes traumatisées du crâne, sans projet particulier (alors qu’elle en a plein !), faute de moyens. L’accessibilité en Guadeloupe, de même que le sujet du handicap, encore un peu tabou n’en sont qu’à leur début.

Jordan a participé avec nous à une rando en joëlette

Parmi les belles rencontres, celles aussi de Didier et Corine, les propriétaires et gérants du gite « Mosaïque » dans lequel nous résidons pendant notre séjour (une excellente adresse pour tous ceux et celles, qui voudraient y passer des vacances, en groupe ou entre amis ; http://www.gites-mosaiques.com) Didier et Corine sont installés sur place depuis plus de 30 ans. Didier, cuisinier de métier, a roulé sa bosse toute sa jeunesse entre la Corse et les Antilles, après avoir quitté sa Belgique natale. Ils ont le cœur sur la main, sont aux petits soins avec notre équipe. Un soir, ils nous proposent de nous organiser une soirée festive ! Nous sommes reçus comme des rois : accras relevés, planteur savamment dosé, tartinades de merlin fumé, thon au barbecue, glace coco délicieuse, thé glacé rafraichissement. Un festival de saveurs caraïbes ! La soirée se termine en danse et en musique sur des tubes universels. Tout le monde est heureux, on trinque, on s’embrasse, c’est génial. Le vendredi, nous leur proposons d’embarquer à bord de Lolita. Pour Didier et Corine, c’est l’occasion de renouer avec les joies de la navigation à voile, qu’ils font parfois avec le Rara avis, le bateau de l’association du Père Jaouen Le Bel Espoir.

Didier et Corine

Citons aussi Thierry notre ange gardien du mouillage. Je l’ai croisé un jour en revenant chercher du matériel au bateau avec mes palmes et mon tuba (nous avons laissé l’annexe au bateau le temps de notre séjour à terre, je fais donc les liaisons à la nage) Avec sa compagne il a tout quitté en Bretagne (et son travail dans le social à Quimper !) il croit en la solidarité des gens de mer et m’assure qu’il jettera un œil sur Lolita et son amarrage pendant le coup de vent prévu le WE. Et dès le lendemain, je reçois un appel, amarre rompue ! Tout au long du séjour il veillera sur Lolita et prendra même l’initiative de nous réserver un mouillage au retour de notre navigation avec les amis. Merci Thierry !

Bruno avec Manue

Quand à Jean-Pierre Chicaté, notre captain Fantastic, nous le retrouverons tout au long du séjour. Notamment pour une journée « Ancwage » (Ancrage) avec son association Koumbit. Avec son complice Bruno, le thérapeute magnétiseur rasta qui pratique ses soins dans la nature et Audrey, la cuisinière qui nous régale d’un déjeuner aux saveurs caraïbes absolument délicieux : la morue à la noix de coco rapée restera dans la mémoire de nos palais, cette salade au piment «végétarien» aussi. Nous apprenons aussi à cuisiner l’Igname, la banane plantin, et la patate douce. Chacun d’entre nous repart avec une calebasse découpée, vidée et nettoyée par ses propres soins comme un beau souvenir (mais il faut de l’huile de coude avant d’en faire son écuelle !!) Après le repas, Thomas, un 4e intervenant nous propose une séance de « sonothérapie » qui a le mérite de nous détendre et nous endormir ! Une journée « no stress »

avec le groupe vainqueur du défilé

C’est à Jean-Pierre que nous devons aussi l’idée d’une journée « carnaval » car cette manifestation incontournable a débuté la semaine précédente et a lieu tous les week-ends de janvier et février jusqu’à mardi-gras. Le dimanche après-midi nous sommes donc à poste au bord de la route dans la ville de Goyave. Il règne une bonne ambiance et les participants n’hésitent pas à faire un détour vers notre petit groupe pour une photo ou un pas de danse. Les danseurs qui défilent donnent le meilleur d’eux-mêmes car le carnaval est aussi une compétition entre les différentes localités de l’île. C’est un entrainement général avant la semaine qui précède le mardi-gras. Heureusement qu’ils ont le carême pour récupérer ! (Il parait qu’ils remettent ça à la mi-carême quand même) ! Certaines formations s’inspirent d’un carnaval très brésilien. Il y aussi les groupes à caisses claires, souvent précédés de  « cochets » masqués (le masque de singe a du succès). Par cochet j’entends celui qui a un fouet. Un très long fouet qui claque comme un pétard et nous effleure presque (Nicolas nous informe que le son du pétard n’est autre que le passage du mur du son par le bout du fouet …impressionnant) Enfin, ceux que nous ne verrons pas, les groupes à « po » sont parait il les plus impressionnants, ils défilent en nombre le soir de préférence au son des tambours en peau de bête. Chaque rassemblement prend une tournure identitaire voire militant. Exemple que nous verrons sur youtube, une foule compacte déguisée en costume colonial, défilant au pas de course et au son des tambours…. La question identitaire est particulièrement sensible en Guadeloupe. Le carnaval donne l’occasion de revenir sur le passé comme un exutoire.

Dans les curiosités locales, nous passerons également au marché de Pointe-à-Pitre, coloré et musical. Tout notre groupe, Juliette en tête danse au son des tambours et nous nous régalons de spécialités locales. Nous faisons quelques emplettes en épices et fruits ou légumes. Quel dommage car le cœur de ville semble laissé en partie à l’abandon et sous les Tropiques, la nature reprend vite ses droits.

Autre spécialités, les douches soufrées de Sofaïa, ou l’impression de se faire asperger d’œufs pourris…excellent pour la peau et les cheveux. Pas du tout accessible, mais rien ne nous arrête.

Durant le séjour, nous faisons à deux reprises l’expérience de randonnées en joëlette, l’une en forêt humide, dans Basse Terre, à proximité de la Soufrière, et l’autre sur grande Terre, au Gosier. La joëllette, kezako ?? Il s’agit d’un drôle d’attelage, une sorte de chaise à porteur qui permet d’embarquer une personne handicapée et l’emmener sur les chemins peu carrossables. Sur l’île, une seule personne possède ces fameuses joëlettes. Il s’agit de Martine (Mawtine en créole), qui en a acquis trois il y a plusieurs années de sa propre initiative, pour faire découvrir la Guadeloupe autrement aux personnes à mobilité réduite. Martine, c’est une pile sur jambe. Agée de 65 ans, accompagnatrice de marche, on sent que rien ne lui résiste ! Dès le lendemain de leur arrivée nos amis se retrouvent donc en route pour la forêt humide à crapahuter dans la boue, tant les grains tropicaux continuent à verser des litres d’eau sur nos têtes.

Après l’effort, le réconfort …

Avec Hervé nous avons déclaré forfait. Nous passons la matinée chez le médecin et à la pharmacie. En portant Benoît dans la salle de bain le premier jour, Hervé a glissé et réveillé un douloureux lumbago…C’est la tuile. De mon côté je dois m’occuper de notre Lolita, car à peine avons-nous débarqué à terre, qu’une succession de coups de vent s’annonce sur plusieurs jours, balayant la Guadeloupe de vent fort, houle, pluies, la totale ! Heureusement notre équipe de choc, bien qu’en sous-effectif assure avec bonne humeur cette première sortie. Nous sommes définitivement conquis par la belle ambiance qui règne dans notre petit groupe. Franck, Nicolas et Alice qui accompagnent pour la première fois un séjour handi ont tout de suite adopté les bons gestes de portage, bien aidé par Sarah, l’ancienne AMP qui ne se ménage pas. Pour des personnes valides, il n’est pas toujours aisé d’adopter les bonnes attitudes en particulier au moment des toilettes plus intimes, mais nos amis savent nous faire confiance, les gestes deviennent naturels et l’humour désamorcent les situations inhabituelles. Dans les sorties de tous les jours, notre accompagnement consiste surtout à rendre possible ce qui est impossible. Comme lors de cette journée à la cascade aux Ecrevisses : le chemin pour y accéder est accessible aux fauteuils. Mais pour aller se baigner dans la cascade, il faut une volonté de fer et deux bonnes paires de bras. Même chose pour aller contempler le coucher de soleil sur la plage de Petite Anse.

Pour revenir à cette journée en joëlette, elle se termine dans la piscine du gîte. Et les enfants tout contents de leur première journée d’école nous accompagnent avec bonheur pour un petit plouf bien mérité entre deux grains mais solidement accrochés à notre ti-punch ! (pas les enfants !!!)

Nous participerons le mardi à la deuxième randonnée avec le renfort bien appréciable d’amis ou relations venus en nombre pour porter joëlette et fauteuil (il manque une Joëlette, nous portons donc un fauteuil) C’est tant mieux car la boue rend la progression acrobatique. Quant à moi, toute crottée, je fausse compagnie à la joyeuse troupe pour aller chercher les enfants à l’école. Qui dit école dit conduites ! Et en Guadeloupe, on en fait de la route ! Je crois bien avoir parcouru facilement 100km par jour…

Nous avons du coup renoncé à l’exploration de Grande-Terre, car les organismes ont été sollicités par le début de notre séjour. Chacun apprécie de pouvoir se poser au bord de la piscine pour discuter et profiter du soleil quand il apparait. Autre facteur, les conflits sociaux liés à la réforme des retraites qui dégénèrent en blocage de ponts, grèves sévères à la poste, et grèves suivies à l’école… que les enfants vont rater deux jours ! Cela permettra à Pierre-Louis de faire son baptême de plongée avec l’ensemble du groupe le jeudi après-midi. Après plusieurs jours de vent fort, l’alerte orange est levée et les écoles de plongée ont rouvert. La netteté des fonds s’en ressent un peu, mais l’essentiel est ailleurs : il s’agit pour ceux qui font leur baptême d’apprendre à respirer sous l’eau par la bouche avec un gros machin qui vous entrave la mâchoire (le détendeur) Et croyez-moi, ce n’est facile pour personne, car par réflexe, on respire par le nez, essayez ! Hervé nous a trouvé une école à Deshaies avec le bateau parfait car l’on peut amener les amis sur leur fauteuil au bord du quai, et charger l’ensemble directement à bord ! Ensuite, il y a un peu de manipulation pour arriver au bord du bateau, les pieds dans l’eau, mais après, c’est le big blue ! Enfin, quand on arrive à respirer par la bouche… mais chacun s’en tire bien. Pierre-Louis aussi, c’est son cadeau de Noël ! Incorrigible fonceur, il cherche juste à entrainer l’instructeur à plus de 3 mètres …(limite imposée par les textes pour les baptêmes d’enfants) C’est sympa car Alice, Franck et Sarah font aussi leur baptême. Retour au gîte pour une soirée pasta, tandis qu’Alice retourne au Spot pour rencontre « Femme/Ingénieur »

A l’école Agenor Beaujour de Cafféière, commune de Deshaies

Le lendemain vendredi, les enfants revêtent pour la dernière fois leur uniforme pour l’école, un t-shirt vert avec le nom de l’école Agénor Beaujour – Deshaies – école ouverte. Avec Juliette il y aura des larmes pour y aller, et des larmes pour repartir. Nous filons ensuite au bateau que nous amènerons à quai avec l’aide de Corine et Didier, facilitant l’embarquement de nos amis sur Lolita. Temps idéal et bonne humeur à bord. Nous retrouvons à Malendure l’autre partie de l’équipe qui nous rejoint avec l’annexe, snorkling, déjeuner au soleil, la belle vie. Au retour, le vent se calme et tandis qu’un grain balaie la côte apparaît un incroyable arc-en-ciel, ou devrais-je dire trois arcs-en-ciel dont la vision bouleverse l’équipage ! Notre dernière soirée, de retour au gîte prend des airs de fête avec une belle tablée des personnes qui nous ont accompagnés tout au long du séjour. C’est une journée vraiment spéciale car nous avons eu la chance d’embarquer nos amis sur LOLITA dans les meilleures conditions. Nous en sommes très très heureux.

Samedi, c’est le dernier jour, rangement, adieux, comme une fin de vacances avec de vieux amis. Nicolas part le premier vers New York, Alice s’envolera le lendemain pour la République Dominicaine. Nous accompagnons les autres à l’aéroport où l’enregistrement s’annonce compliqué pour nos amis malgré les dossiers médicaux remplis avant le départ. C’est la double peine. Heureusement nous aurons de bonnes nouvelles de leur voyage. Quant à nous, il est temps de reprendre la mer ! Car nous devons être en Martinique avant le 20 afin d’y accueillir ma mère, et récupérer notre dessalinisateur. L’embarquement est assez épique, sous un grain de pluie, nous ramenons un petit déménagement de notre séjour à terre ! Dans la précipitation, mon téléphone portable tombe dans la rivière, il marche encore un peu et je plonge pour le récupérer…Il ne s’en remettra pas. Une fois de plus, Thierry vient à notre rescousse, quand le moteur électrique de Lolito (notre annexe) a quelques ratés. A 23h nous quittons enfin le mouillage, après une petite visite sympathique de Martin Kerlevéo et Ana, malgré le désordre qui règne à bord. En discutant, nous rangeons sans nous en apercevoir tout le bazar. Notre amie Lara, bateau-stoppeuse fait aussi partie du voyage ! Mais cette nuit avec Hervé, nous garderons la responsabilité des quarts, tant les grains sont vilains sous le vent de Basse-Terre, et la mer agitée dans le Canal des Saintes. Nous mettrons 25h à rallier le Marin en Martinique.

Voilà, s’il y a un mot que nous retiendrons de ce séjour, nous le devons à Gaïa. Elle nous l’a d’emblée raconté : en Belgique on appelle les personnes handicapées les personnes « extra-ordinaires » Les enfants ont immédiatement adopté ce point de vue et nous tous ! En espérant organiser une nouvelle escale extra-ordinaire aux Açores. A suivre !!!

Ps : les photos sont à mettre au crédit de Sarah, Alice, Bénédicte et Olaventure. Merci les filles 🙂

7 réflexions sur “Guadeloupe, une escale extra-ordinaire !

  1. EMMANUELLE BERTHE

    Que du bonheur de revoir toutes ces photos et d’en découvrir d’autres..
    Que de beaux souvenirs ! Pleins les yeux et le cœur …
    Merci pour ce projet extra-ordinaire,… Ce partage et pour ce feu d’artifice de couleurs et de chaleur… Bonne et belle Olaventure et à très bientôt les amis !!!
    Des bisous à vous 5 ! Manue

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  2. Michelle Laborie

    Merci Caroline et Hervé de nous faire revivre ce beau reportage que vous venez de partager avec nos Amis de Passeraile et qui nous rappel bien sur Kifouine.
    Au plaisir de vous retrouver à Lorient et profité bien de cette merveilleuse O’ l’ Aventure avec vos enfants.
    Bisous à tous les 5 de Michounette.

    Aimé par 1 personne

  3. Stéphanie Leger

    Bravo pour votre aventure extra-ordinaire en Guadeloupe ! On retrouve tous les beaux endroits où nous sommes allés pdt les vacances de Noël. Les photos témoignent de la joie de tous votre groupe, merci de nous la partager.

    Aimé par 1 personne

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