La Gomera en randonnées

Lol n°20

Samedi 6 octobre

Christophe Colomb, figure emblématique de San Sebastian

C’est presque une chance, nous arrivons à La Gomera alors que des festivités d’octobre sont annoncées. Ici on fête Notre-Dame de Guadalupe sainte Patronne de l’île, entre le 5 et le 12 octobre. Christophe Colomb qui, comme chacun sait depuis la LOL n°19 a pris son envol pour le nouveau monde en passant par la Gomera, n’a pas cherché longtemps comment baptiser l’île des Caraïbes qui porte maintenant le nom de Guadeloupe. Joli clin d’œil pour nous qui avons prévu d’y atterrir cet hiver. Pour la petite histoire, Guadelupe se situe dans la province de Cacérès en pleine terre Espagnol. Notre-Dame de Guadelupe fait l’objet d’une profonde dévotion dans le monde hispanique, jusqu’au Mexique (où notre ami Dominique organise régulièrement des pèlerinages en son honneur)

Festivités qui se traduisent par des processions et des concerts de musiques traditionnelles ou plus rock n’roll. Et bien bingo ! Alors que nous avions prévu une grande journée d’excursion dimanche, la soirée du Samedi a été explosive. L’orchestre s’est démené toute la nuit (jusqu’à 5h, wouahou) tandis que la sono crachait du son de matière intermittente en fonction des risées. Car le vent ici descend de la montagne et s’engouffre dans le port de manière parfois brutale, obligeant à doubler les amarres de son bateau.  Et pour la sono, ça donne un effet « ca s’en va et ça revient » du style supplice décrit dans la LOL n°19. Le roulis façon sonore !

Dimanche 7 octobre

La marina entière se réveille avec des cernes sous les yeux. La nuit fut courte, le départ poussif, la location de la voiture compliquée et la promenade sous le cagnard plus rude que d’habitude malgré un dénivelé favorable. Heureusement dans l’intervalle, la France s’est qualifiée pour le quart de final de la coupe du monde de rugby. Du relief, l’île n’en manque pas, il n’y a pas de route circulaire ici mais des routes de montagne qui serpentent entre les vallées. J’ouvre une parenthèse sur l’état impeccable des routes dans les Iles Canaries, c’est formidable, et si vous aimez le vélo comme Hervé je vous encourage à venir vous y frotter, il y a un beau terrain de jeu. Je la referme sinon Hervé va ajouter un paragraphe.

Dans chaque massif les sentiers de randonnées (il y en a plus de 80 sur l’île) vous emmènent aisément pour des kilomètres de marche ou de VTT en pleine nature. Peu de villages, et des cultures en terrasses impressionnantes quand on imagine le travail des hommes qui ont construit tout ces murets et cultivé à flanc de coteau.

Nous avions rejoint l’équipage de Wotan pour cette rando au centre de la Gomera, et nous les retrouvons le soir à Valle Gran Rey dans l’Ouest de l’Ile, où les enfants ont joué dans les rouleaux pendant 3h sans s’arrêter. Joie absolue ! Retour le soir à la Gomera après 1h15 de voiture, l’Ile ne mesurant que 50km de long. On compte les virages pour supporter le tournis.

Lundi 7 octobre

Aujourd’hui, nous avons prévu de repartir en balade. Avec un peu de mauvaise conscience de faire rater la classe (le bateau d’à côté est au boulot comme chaque matin depuis 8h) ! Mais non, pardi, ce lundi est férié, merci ND de Guadalupe ! Finalement, les enfants n’échapperont pas à la classe car nos voisins de pontons nous ont mis sur la piste d’un artisan qui pourrait réparer notre voile d’avant. En montant au mât l’autre jour j’avais vu une petite déchirure sur la ralingue (partie de la voile fixée à l’enrouleur), pas grave mais une fois que vous le savez, impossible de ne pas réagir pour réparer le trouble (surtout qu’en mer un petit rien négligé se transforme vite en grosse galère) Cela va retarder un peu nos velléités de repartir mardi matin, mais c’est plus sûr ; après tout nous ne sommes pas à 2 jours près et l’endroit est agréable, et le voilier Yemanja a décidé aussi de retarder son départ vers le Cap Vert. Alors les enfants retrouvent le sourire car ils pourront partager la récré avec les amis demain (nous avions eu quelques réticences sur cette journée de marche)

Pour la rando, Hervé est aux manettes, et nous organise un tour dans la forêt primaire du Parc de Galajonay. Magnifique, parfaitement adapté à la température. Autant hier au même endroit nous avions perdu 10° par rapport à la mer, autant aujourd’hui il fait 25° de haut en bas.

Chemin tout en descente dans la forêt de lauriers, et différentes espères de fougères, châtaigniers, mais comme toute randonnée en descente, vos cuisses s’en souviennent encore le surlendemain ! La route convient bien à notre petite troupe sauf les hautes marches, un peu « embêtantes » selon Juliette. Arrivés au point final de la rando (à cet endroit il est prévu qu’Hervé récupère en stop la voiture) nous décidons de pousser un peu pour aller voir les cascades les « plus hautes d’Espagne » et descendons sur un chemin le long d’un mur vertigineux. En bas nous sommes loin des chutes d’Iguaçu (célèbres cascades au Brésil) Les enfants se baigneront tout de même mais dans un filet d’eau (et de boue, joie !). Nous sommes heureux de découvrir ce versant Nord de la Gomera.  Les Alizés s’arrêtent net sur les reliefs et l’humidité ambiante donne un bon coup de pouce aux cultures locales. La végétation évoque les Tropiques et l’on y cultive bananes et mangues en terrasse entre deux palmiers.

De fil en aiguille nous marchons tout l’après-midi ! Hervé nous quitte au pas de course pour aller chercher la voiture, et j’ai un petit moment de doute car nous nous sommes fixés un vague point de rdv, mon portable n’a plus de batterie ou presque et je n’ai pas de carte. Nos tentatives de stop, pourtant avec 3 adorables bambins n’émeut pas les 2 voitures que nous croisons. Je pense à Hervé et espère qu’il a eu plus de succès ! Tout se termine bien, et grâce au niveau sonore des enfants il nous repère dans la montagne. Pour récompenser la troupe, nous nous arrêtons dans le joli village d’Agulo, où, dans l’unique sandwicherie ouverte en ce jour férié, la TV diffuse un résumé des derniers matchs de la coupe du monde de rugby. What else ?

Avec cette belle journée de découverte, nous aurons honoré Notre-Dame de Guadelupe en rendant grâce à notre façon !

Mardi 8 octobre

Journée « classique » sur Lolita. Classe le matin, plage l’après-midi. Je profite de la voiture pour faire une petite tournée au marché et supermarché local. A notre corps défendant nous embarquerons quelques bouteilles plastiques d’eau fraîche destinée à notre consommation courante. Car notre réservoir tribord sent toujours le gasoil. C’est bizarre d’ailleurs. L’eau a l’odeur du gasoil (nous nous lavons donc au pétrole) mais n’en a ni le goût ni la couleur. Tenace l’hydrocarbure !

Un petit coup œil sur la météo rend les choses soudain plus compliquées. Finalement le départ jeudi semble une date raisonnable. Sur Dakar menace une dépression orageuse qui se déplace très rapidement vers le Cap Vert en forcissant. Inutile de se précipiter. Mais du côté de Nouadhibou en Mauritanie, il y aussi du vent fort en prévision si nous attendons trop. De toutes façons celui que nous attendons c’est le voilier qui n’est toujours pas venu embarquer notre génois à réparer. Légère inquiétude. Sur le bateau voisin Yemanja, plutôt à cheval sur les horaires, c’est sujet qui fâche, eux ils ont confié du matériel à recoudre mais ne voient rien revenir en temps et en heure. C’est le charme des îles et du voyage…

L’après-midi est consacrée pour moi à de petits travaux de couture et d’aménagement qui me donnent un peu chaud, heureusement qu’Hervé a installé des ventilateurs 12V dans le bateau ! Tandis que la petite troupe écume les plages du coin, jeux dans les rouleaux, plongée, paddle.

Le soir, nous inaugurons le cockpit en mode apéro ponton : les équipages de Yemanja, Laois, Coco Bongo (avec Marion et Etienne, deux jeunes bordelais/bretons tout doux) se serrent sur Lolita pour une soirée d’échanges et d’anecdotes sur nos projets respectifs.  Certains iront vers le Cap Vert puis les Antilles, les autres au Brésil.

Mercredi 9 octobre

Ce matin, on attend : l’artisan voilier qui doit venir réparer notre voile (raté, il reviendra demain matin et cette fois ce sera la bonne, enfin je crois…) les copains de Yemanja qui n’en finissent plus de partir (à cause dudit voilier qui ne ramène toujours pas leur matériel) ; l’assureur qui nous a trouvé un petit alinéa à un avenant qui dit qu’on ne doit pas faire ce que l’on a l’intention de faire ;  l’activation de notre carte irridium (très efficace par contre du côté de Rom-arrangé à Lorient !)  En effet nous allons ouvrir une ligne pour tester un peu l’installation et nous familiariser avec l’Irridium-go (notre téléphone satellite) Nous pourrons ainsi télécharger la météo pour savoir si garder notre spi en l’air est une bonne idée ou pas, et en cas d’urgence seulement appeler la terre, alors que notre navigation doit durer 6 jours environ.

Donc tout va bien pour nous, les derniers jours à San Sebastian de la Gomera s’étirent et comme d’habitude maintenant nous sommes restés plus longtemps que prévu. Mais nous n’avons pas de rdv ces jours prochains et cela nous permet de prendre notre temps !

Le bateau des amis est enfin parti, laissant Pierre-Louis le cœur gros. Jean passe un bon moment avec William, le jeune allemand du cata d’en face. Nous croisons souvent des allemands et c’est l’occasion de remettre en jeu des connaissances lointaines, que nous avions poussé bien loin à l’époque sans pratiquer depuis. Quel dommage de perdre tout cela ! Ce qui est en revanche génial entre Jean et William c’est que malgré l’absence de langage commun, les enfants se comprennent dans le jeu, et il suffit d’un épervier ou une partie de pêche et pas besoin de longs discours.

A propos de pêche, nous faisons un tour au magasin local et la boîte de Pierre-Louis compte maintenant suffisamment de matériel pour que l’on fonde de grands espoirs de pêche sur cette navigation. Nous croisons en ville les connaissances de ces derniers jours, une dame avec laquelle Hervé a fait du stop, un père de famille rencontré sur la plage, nos connaissances en espagnol permettent d’échanger un peu même si cela reste limité.

Jeudi 10 octobre

Nous sommes sensés larguer les amarres ce matin, mais l’heure à laquelle nous récupérerons notre génois conjuguée au dernier bulletin météo décidera un peu de la suite (escale ou non à El Hierro, une île plus au Sud Ouest de La Gomera) ou départ direct vers Dakar.  

Souvenir : Lolita quittant le port de Santa Cruz de Ténérife (photos Olivier/Kaé)

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