La Graciosa, l’Ile au charme fou

Le mouillage de la Playa Francesca à droite, au fond Caleta del Sebo le village port de la Graciosa, et l’Ile de Lanzarote toute proche

Lol 16 – Lundi 23 septembre 2019

Ah mes amis, la Graciosa, la Graciosa, île de la grâce…. Tout est dit ! Beauté, volupté, douceur. Sonia et Brice, nos amis lorientais, qui connaissent bien les lieux, ne s’étaient pas trompés quand ils nous en avaient parlé. On est loin du monde et de ses turpitudes. L’actualité ici ne tourne ni autour de Trump, ni du Brexit, ni d’une désolante affaire politico-judiciaire. Ce serait plutôt : quelle balade demain ? Déjeuner au bateau ou pique-nique sur la plage ? Baignade avant ou après l’école ? annexe ou paddle ? Pour résumer, on ne révolutionnera pas les problèmes du monde ici, mais on ne risquera pas non plus de mourir d’un infarctus à cause d’une overdose de stress… Et s’il est question de mal de dos, il faut certainement en chercher la cause du côté de la literie que des soucis du boulot !

Topologiquement parlant, la Graciosa pourrait ressembler à la planète du Petit Prince. A la différence qu’au lieu d’un seul volcan, nous en comptons trois, et qu’à la place d’une rose, on y trouve des cactus et des buissons acacia. En superficie, l’île est à taille humaine. Elle s’étend sur 10 Km carré, un peu comme l’ile de Houat. Un petit village fait de maisonnettes blanches sur sa côte est (avec une superette et une boulangerie pâtisserie pour assurer la logistique alimentaire), des plages de sable blond, fin et chaud au sud, une côte sauvage d’ocre et de souffre à l’ouest ; ajoutez-y les trois volcans aux pentes parfaites pour sculpter le relief, et une eau cristalline et turquoise pour envoûter le paysage et le tour est joué. Paradisiaque. On raconte que l’équipage d’un voilier de voyage, partis pour un tour de l’Atlantique, s’y est arrêté 7 ans ! Ma foi, je veux bien le croire, tant l’endroit est plaisant.

Le village de Caleta del Sebo – en arrière Plan, le Nord de Lanzarote
Vue du Nord de l’Ile de La Graciosa

Sur ce petit bout de terre, le première que nous avons touchée des Canaries, la vie s’écoule paisiblement. Hormis les rares coups de bec entre les enfants et les coups de grisou des parents pour ramener le calme (efficacité ?), l’ambiance est plutôt détendue, très détendue. Nous passons nos journées en maillots de bain, faisons l’école le matin en mode short bikini, pique-niquons en « terrasse » l’après-midi, et profitons de notre grand jardin l’après-midi.

Mercredi, jour de notre arrivée, nous avons commencé par faire un tour au village, à 3 km de la baie où Lolita est mouillées, pour aller repérer les lieux et faire un peu d’avitaillement. Apéritif bien sympathique au retour de la balade chez Jean-Pierre et Claudine, un couple de jeunes (retraités, chut ! on le dit pas) bien sympas, sur leur petit mais magnifique bateau Wotan, qu’on avait croisé à Cascais. Très sympa, on se retrouvera ! Nous faisons également connaissance de Pierre-Yves et Yohann, deux trentenaires bretons qui se sont rencontrés sur la bourse aux équipiers et naviguent sur Avalon, un Sun Shine 36.

Jeudi, nous avons grimpé l’ancien volcan au sud de l’ile, qui surplombe notre mouillage. Vue imprenable sur l’île et Lanzarote, la grande île volcanique voisine et sur les fonds turquoise de la côte. Feu d’artifice de couleurs, du jaune souffre à l’ocre, du bleu pétrole au vert turquoise, nos yeux en prennent plein les mirettes, une vraie merveille.

Avant-hier, vendredi, grande excursion sur l’ile. Objectif aller découvrir la côte nord. Au bout de trois heures de marche à travers un paysage lunaire, nous tombons sur une plage exceptionnelle de beauté, au pieds d’un ancien volcan, 600 mètres de sable fin, (playa de las Conchas) des vagues déferlantes, le paysage de rêve. Nous hésitons un peu à nous baigner (les vagues sont vraiment fortes), mais après une reconnaissance paternelle, je donne le feu vert, et nous nous mettons à l’eau. Les enfants sont aux anges ! c’est roulé-boulé et partie de quilles ! Caro est aux aguets, mais finit par y prendre goût ! Pour conclure la journée, nous retournons au village et nous nous offrons une glace bien méritée (5 heures 30 à pieds, ça use les espadrilles), d’autant que nos gourdes étaient bien vides sur les derniers kilomètres. Les enfants, hypnotisés par le récit d’histoires à rallonge (pourvu qu’elles contiennent une sorcière bien méchante) et vaillants malgré la chaleur, n’ont pas abdiqués ! chapeau les loulous !

Hier, samedi, après le match de France -Argentine (coupe du monde de rugby au Japon) du matin regardé depuis le bateau (vive la technologie moderne pour le coup !!!), c’était session plongée dans la plage d’à côté. Les enfants sont de plus en plus à l’aise. Juliette allonge les distances en natation. Jean se régale avec son masque intégral qui lui permet de respirer et regarder sous l’eau sans avoir à plonger. Equipés de leurs masques et de leurs palmes, ils s’initient avec bonheur à la magie du monde sous-marin. « Un poisson, un poisson, j’ai vu un poisson, c’était une dorade, c’est sûr !! ». C’est surtout Pierre-Louis qui nous épate. Je le vois plonger avec son masque et son tuba, tenter des petites apnées, observant les poissons et les oursins. Un vrai petit ondin !

Allez les Bleus !

Bientôt plus d’un mois que nous avons quitté la France ! Le soir, lorsque nous faisons la lecture des jours écoulés, nous regardons notre voyage comme d’autres regardent leur nouvelle voiture : Avec un bonheur béat, et un sentiment d’incrédulité. C’est surtout notre rapport avec les enfants qui change : nous prenons le temps. Câlins, jeux, lectures, discussions (surtout avec Pierre-Louis), c’est bon, c’est plaisant, c’est passionnant. Je ne vous dirai pas que ce n’est que douceur, calme et volupté. Non, parfois, souvent même, on tombe dans le registre « cris pleurs et grincement de dents ». Et notre patience, celle des parents, est mise à rude épreuve : notamment le « J’ai faim » quasi obsessionnel de Jean à toute heure du jour (nous sommes épargnés la nuit…sauf les nuits de quart !), la lutte constante avant les repas pour que Pierre-Louis décroche de ses Harry Potter (en cours de relecture des tomes 1, 2 et 3), les bavardages de Juliette qui naturellement s’aperçoit à un moment donné qu’on ne l’écoute plus, et alors c’est le drame (« papa, tu ne m’écoutes jamais ! », « maman, t’est pas gentille, bouhouuuu !! »)… Suprême supplice, les cris hystériques à réveiller un mouillage entier au petit déjeuner, pour le partage impossible de l’unique yaourt, ou pour celui qui choisira en premier sa musique…

Bien difficile, dans ces cas-là, pour nous parents, de résister à « l’énorme envie » (comme Prosper de Nesquick) de « balancer » par-dessus bord le ou les auteurs du forfait (naturellement les loustics se renvoient la balle : « c’est pas ma faute, c’est elle qui a commencé ! » « c’est pas vrai, c’est lui ! »). Je vous rassure, cela n’est encore jamais arrivé, mais sait-on jamais, maintenant qu’ils savent tous nager, une fois, au mouillage, cela pourrait être de l’ordre du possible (je vois déjà mes anciens collègues de la protection de l’enfance lever un sourcil d’un œil réprobateur !! bonjour à eux d’ailleurs !) A bien y réfléchir c’est une mauvaise idée, ils aiment trop se baigner…Et comme me dit ma femme, les tempêtes retombent souvent aussi vite qu’elles se lèvent. Notre capital patience a bien fructifié depuis le départ, et c’est utile dans un petit espace.

Une autre vue de la Playa de las Conchas au Nord de l’Ile

Entre les enfants, c’est donc ambiance « je t’aime moi non plus ». On les sent de plus en plus complices, jouant ensemble, criant ensemble, riant ensemble, se baignant ensemble des heures durant, mais la moindre petite contrariété, ou la fatigue des plus jeunes, peut vite transformer la situation en pugilat et le bateau en ring de boxe. Pour une carte de jeu retournée, une remarque de travers, une gorgée de Coca de plus, le drame n’est pas loin… Dire qu’on était comme cela lorsqu’on était enfant.

Mais on vous rassure, tout va bien ! Jean et Juliette qui partagent la même cabine à l’avant, ressemblent à Tic et Tac (les écureuils de Walt Dysney). Inséparables, ils sont aussi affectueux et espiègles quand tout va bien, qu’hystériques et bagarreurs quand la situation dégénère… Quant à Pierre-Louis, c’est notre Peter Pan à nous. C’est lui qui mène l’aventure : Commandant de l’annexe, pêcheur en chef, lecteur compulsif quand il tombe sur un bon bouquin (que nous allons devoir renouveler vite) ! Ses passions : pêcher, monter au mât, nager et plonger.

Et nous les parents ? Eh bien tous les soirs, une fois les enfants couchés, nous nous installons dans le cockpit sous les étoiles, discutons, refaisons la journée, et concluons : « Génial ce mouillage. Qu’est-ce qu’on est bien ! » 

S’ensuit parfois une veillée moins romantique devant l’ordinateur. Ce qui nous permet de partager le voyage avec vous. La bonne surprise reste néanmoins le temps de lecture dévolu à nous les parents. S’il est vrai que le voyage en bateau offre généralement d’intenses moments de lectures, j’avais (Caro) estimé qu’entre le bateau, les enfants, la communication et les tâches ménagères, ce temps serait réduit à peau de chagrin. Mauvaise estimation et heureux événement : nous avons (prenons) aussi le temps pour la lecture ! Et c’est formidable même si dans un coin de ma tête je regrette d’avoir fait ma sélection à 1h du départ et d’avoir autant « sabré ». Pour les enfants (Jean, 7 ans et Juliette, 5ans) nous avons embarqué la collection des « Youpi j’ai tout compris » de Pierre-Louis, des « P’tites  Poules » et autre « Chien pourri» , les incontournables «Famille Oukilé » « Histoires du Père Castor » et imagiers, ou livres de culture générale ; et pour Pierre-Louis (9ans) des romans, tels que les Harry Potter dont vous avez déjà entendu parlé, parce qu’il les relis en boucle. Notez que je les ai lu (enfin) à sa suite et nous pouvons ainsi partager notre (fine) analyse de la sorcellerie moderne entre deux quarts. Il a fallu faire des choix, surtout à cause de la place dévolue à bord à nos livres qui n’est pas extensible car la bibliothèque contient aussi entre autres ouvrages encombrants, des documents nautiques, un dictionnaire, un atlas, les livres de classe etc. Nous aurons quand même d’ici peu un sérieux problème d’alimentation ! Le salut se trouvera-t-il dans une liseuse ou autre support électronique ? Ou l’échange de nos livres (ça se fait souvent en voyage) ? Sans aucun doute.

L’arrivée au sommet, toujours célébrée en famille !

12 réflexions sur “La Graciosa, l’Ile au charme fou

      1. Lp56260

        Merci pour ces minutes d’évasion en fin de journée! je suis rassurée de voir que nos enfants s’asticotent autant à Lorient que sur un bateau aux canaries! Merci, hâte de lire la suite !

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      2. Thomas Biasio

        J essaye de rattraper mon retard des posts olaventure et c’est un régal ! C’est vraiment le sourire aux lèvres que je vous imagine dans vos pérégrinations

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  1. Gg

    C est pas pour dire mais je suis contente qu ils se pouillent la tête les gamins: ça rassure un peu les parents restes à quai que Ns sommes😂😂merci d être objectifs et honnêtes c est un bonheur de vs lire!!

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  2. caroline Steinmyller

    On se régale à vous lire ! Quelle belle expérience de vie en famille ! les maîtresses de l’école qui suit vos aventures devraient prendre des extraits de votre journal pour faire faire des dictées à leurs élèves ,! ce serait du concret , non ?

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  3. « Pour résumer, on ne révolutionnera pas les problèmes du monde ici, mais on ne risquera pas non plus de mourir d’un infarctus à cause d’une overdose de stress…  »
    J’adore…cela m’a même donné envie de me créer une liste de bons mots sur Trello…ca y est c’est fait !
    Bravo pour ce bel article dans Voiles et Voiliers, je pense que l’audience du blog va exploser…
    Et pour les Canaries, je ne me souvenais pas que l’eau était si bleue, le sable si blanc…Graciosa la bien nommée, vraiment. Bises.

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  4. Aliénor dAnchald

    T’inquiète Pierre Loulou moi aussi je suis à fond dans Harry Potter ! 😉 Mais les photos sont vraiment trop belles ! C’est super, je vous envie ! ❤❤❤ Aliénor 💋

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